Au cours de l’année budgétaire 2025, le gouvernement camerounais entend provisionner une enveloppe totale de 1590,6 milliards de FCFA pour les dépenses liées à la gestion des personnels de l’État, notamment le paiement des salaires, des primes, des gratifications diverses et autres indemnités… Selon les données contenues dans le projet de loi de finances soumis à l’examen des députés le 1ᵉʳ décembre 2024, cette enveloppe augmente d’un peu plus de 100 milliards de FCFA par rapport à l’exercice budgétaire 2024.
Cette augmentation des charges des personnels de l’État projetée en 2025 survient dans un contexte de rationalisation des recrutements dans la Fonction publique camerounaise depuis quelques années, à l’effet de maîtriser la masse salariale jugée de plus en plus intenable pour le Trésor public. C’est dans cette même optique que le gouvernement camerounais a initié, en 2018, l’opération de Comptage physique des personnels de l’État (Coppe), qui visait à identifier et extirper du fichier solde de l’État, tous les agents publics y émargeant irrégulièrement.
Selon les données du ministère des Finances, le Coppe a permis de supprimer environ 10 000 agents publics fictifs du fichier solde de l’État, pour une économie budgétaire annuelle d’environ 30 milliards de FCFA dès l’année 2019. De plus, indiquent les chiffres communiqués par le ministre de la Fonction publique, Joseph Lé, à date, 3 577 personnels ont déjà été radiés de la Fonction publique au terme de la phase contentieuse ouverte après le Coppe, tandis que 5000 autres sont en sursis.
La dette due aux enseignants
Cependant, toutes ces actions semblent n’avoir pas encore réussi à stopper l’augmentation des charges des personnels de l’État, au fil des exercices budgétaires. Une situation qui peut s’expliquer par des décisions conjoncturelles prises ces dernières années par les pouvoirs publics. Il en est ainsi des deux augmentations des salaires de 5% dans la Fonction publique, survenues en 2023 et 2024. Ces décisions font partie du train de mesures prises ces années-là, pour réduire l’impact des deux hausses des prix des carburants à la pompe sur le pouvoir d’achat des populations.
Par ailleurs, depuis l’année 2022, le gouvernement camerounais fait face à une fronde des enseignants, qui dénoncent l’accumulation des arriérés de paiement de certains de leurs droits (reliquat des salaires pour les nouveaux contractualisés, liquidation des avancements et autres frais de relève, etc.) par l’Etat. Pour calmer cette grogne des enseignants, qui ont mis à mal le système éducatif du pays ces dernières années, le gouvernement a entrepris d’apurer progressivement ces arriérés. Ce qui nécessite des ressources financières supplémentaires.
Le 1er décembre 2024, lors de la présentation du programme économique, financier, social et culturel du gouvernement pour l’année 2025, le Premier ministre, Joseph Dion Nguté, a révélé que plus de 164 milliards de FCFA de ces arriérés sur une enveloppe globale de 200 milliards de FCFA, ont été payés au cours de l’année 2024. Il reste donc à payer 36 milliards de FCFA. Ce qui pourrait être fait en 2025, au regard de la progression enregistrée sur les prévisions des dépenses des personnels de l’Etat dans le projet de loi de finances en cours d’examen à l’Assemblée nationale.
Brice R. Mbodiam
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