Selon le cabinet londonien Cable Co, qui publie chaque année le classement des pays selon le coût moyen du Gigabit (GB) d’internet haut-débit, le Cameroun occupe le 36ᵉ rang en Afrique en 2023, avec un coût moyen du GB estimé à 1,63 dollar. Se fondant sur ces données, et en comparaison avec d’autres pays africains de même niveau de développement, le Comité de compétitivité, dans son rapport sur l’état de la compétitivité de l’économie camerounaise en 2023, soutient que les coûts de l’internet haut-débit plombent la compétitivité des entreprises au Cameroun.
« La digitalisation est aujourd’hui un facteur incontournable de compétitivité des entreprises. Pour permettre à un plus grand nombre d’entreprises de s’arrimer à cette tendance, il est indispensable que l’accès à un réseau internet de qualité soit facilité », notamment grâce à des coûts abordables, soutient l’organisme spécialisé du ministère camerounais de l’Économie. Cette exigence est bien comprise dans des pays tels que le Malawi, le Ghana ou encore le Rwanda, qui figurent dans le top 10 des pays africains offrant les coûts de l’internet haut-débit les plus bas sur le continent.
En effet, selon le classement du cabinet Cable Co, avec un coût du GB à 0,40 dollar, l’accès au haut-débit au Ghana, 3ᵉ au classement en Afrique, est quatre fois moins coûteux qu’au Cameroun. Idem au Malawi, pays dans lequel le GB coûte le moins cher en Afrique (0,38 dollar), selon le classement 2023 de Cable Co. Au Rwanda, pays ayant subi pendant de longues années les affres d’un génocide, les entreprises payent 0,55 dollar par GB d’internet, soit trois fois moins cher qu’au Cameroun. Au Maroc (0,63 dollar), en Éthiopie (0,68 dollar), au Nigeria (0,89 dollar), et en Côte d’Ivoire (1,18 dollar), le haut-débit coûte également moins cher pour les entreprises qu’au Cameroun.
Parmi les raisons qui pourraient expliquer les coûts élevés du haut-débit au Cameroun, se trouve une offre réduite, elle-même consécutive à la sous-utilisation des capacités de connectivité du pays. En effet, dans une présentation faite en 2022 au ministère de l’Economie sur l’état du numérique au Cameroun, la Société financière internationale (SFI) révèle que les quatre câbles sous-marins à fibre optique auxquels le Cameroun est connecté (SAT3, WACS, SAIL et NCSCS) sont sous-utilisés. « Seulement environ 15% de la capacité du câble SAT3 et 30% de la capacité du câble WACS ont été utilisés depuis leur lancement, il y a 17 ans », indique par exemple la filiale de la banque mondiale dédiée au financement du secteur privé dans le rapport sus-mentionné.
Cette sous-utilisation des capacités de connectivité, dont dispose pourtant le Cameroun, réduit l’offre du haut-débit, dont le taux de pénétration (fixe et mobile confondus) dans le pays stagne autour de 22% depuis 2016, selon les estimations de la filiale de la banque mondiale en 2022. Cependant, en plus de contribuer au renchérissement des coûts, la sous-utilisation des capacités fournies par les câbles sous-marins à fibre optique, souligne la SFI, augmente le « fibre gap » au Cameroun. Ce phénomène, qui renvoie aux zones dans lesquelles la fibre optique n’est pas encore déployée ou alors n’est pas encore utilisée, touchait encore environ 14 millions de personnes au Cameroun en 2020, selon la SFI. Ce chiffre correspond à plus de la moitié de la population du pays estimée à environ 25 millions d’habitants.
Brice R. Mbodiam
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